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Sans-papiers : loi Besson, racisme d’état

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Mercredi 31 mars, Éric Besson a présenté le projet d’une nouvelle loi d’exception sur les étrangers qui durcit encore les conditions de séjour et veut accélérer le rythme des expulsions. La réponse du gouvernement à sa défaite électorale est de concurrencer le Front national.

Instauration de « zones d’attente », augmentation de la durée de rétention, double peine d’expulsion associée à l’interdiction de séjour, réduction du rôle des juges, etc., le gouvernement veut améliorer le rendement de sa machine à réprimer et expulser. « Des personnes pourront être reconduites à la frontière alors que leur arrestation était illégale et, même si le juge des libertés et de la détention le constate, il ne pourra plus rien faire », prévient le vice-président du Syndicat de la magistrature. Alors que plusieurs mobilisations de soutien aux sans-papiers avaient permis de stopper des expulsions en faisant respecter les maigres droits du code des étrangers, la riposte de Besson est simple : durcir encore plus une loi qui n’est qu’une machine à faire du chiffre, à rafler et expulser.
Dès le lendemain, il faisait évacuer 250 sans-papiers en grève de la rue du Regard à Paris. Des centaines de CRS et gardes mobiles ont bloqué le quartier toute la journée, le métro a même été fermé.

Les flics ont réquisitionné le toit d’un bâtiment de l’Éducation nationale pour y installer des caméras, malgré l’opposition des personnels. Plus inquiétant, la préfecture a été jusqu’à demander à la direction de la RATP la mise à disposition d’une rame spéciale de métro pour évacuer les sans-papiers. Cette demande de collaboration, faisant penser à la sinistre époque de Drancy, a été stoppée net par les syndicats.
Ce durcissement est une offensive générale contre les immigrés et une volonté de les instrumentaliser pour développer le racisme. Plusieurs raisons expliquent cette évolution qui va se poursuivre et s’amplifier.
La campagne raciste sur l’identité nationale n’a pas bénéficié au gouvernement et a redonné une légitimité au FN. Sarkozy et sa clique ont décidé de surenchérir dans cette stratégie pour aller chercher des voix pour 2012 à l’extrême droite. La surenchère va être sans fin, même s’il y a fort à parier qu’elle profite plus à l’original qu’à la copie.
Le capitalisme s’enfonce dans la crise économique. Toutes les promesses de Sarkozy volent en éclats, des centaines de milliers de licenciements supplémentaires s’annoncent dans les mois à venir. Une des seules promesses qu’il peut tenir, c’est d’expulser toujours plus, en niant les droits et restreignant les recours. C’est la stratégie raciste classique de désignation de boucs émissaires à la crise.
La concurrence entre États s’intensifie, les tensions s’aggravent, en particulier au Moyen-Orient et Obama envoie plus de troupes en Afghanistan. Pour trouver des justifications à la guerre, l’un des leviers idéologiques est la peur. Il faut construire une représentation de la menace incarnée par l’« étranger », qu’il soit musulman, arabe ou noir. La poursuite de l’offensive sur la burqa montre que le gouvernement va accentuer la polémique sur l’identité nationale, renforçant encore l’islamophobie et le racisme.
Besson est dangereux. Sous la houlette de Sarkozy, il a compris qu’il pouvait infliger des défaites sévères au mouvement antiraciste qui s’est enraciné ces dernières années. Il cherche à élargir la criminalisation de la population. Les lois d’exception anti-immigrés seront étendues à d’autres catégories, contre les soutiens, les syndicalistes et tous ceux qui résistent.
Il est crucial pour tout le mouvement ouvrier de ne pas laisser les travailleurs sans papiers en grève depuis des mois se faire écraser par le gouvernement. Les élections régionales passées, Besson veut expulser les sans-papiers de tous les piquets restants. Pour les grévistes, la situation est très difficile, ils sont épuisés et assez isolés. Suite aux expulsions et au harcèlement patronal et policier, leur nombre a fortement diminué. La direction de la CGT a toujours refusé de faire de cette lutte une lutte sociale et politique large, impliquant les Français et les immigrés. Elle a même récemment signé sur la question un document avec une partie du Medef intitulé « approche commune ». Accord ridicule aussitôt désavoué par le gouvernement qui ne veut rien lâcher. Aujourd’hui, le mouvement de grève risque l’isolement et la répression.
Dans ce climat politique particulièrement nauséabond, où se multiplient les provocations racistes, il est urgent d’unifier et coordonner toutes les résistances. Il faut dépasser le sectarisme de la CGT vis-à-vis des collectifs de sans-papiers ou des partis politiques de gauche. Il faut dépasser la fragmentation des mouvements. Le NPA doit y mettre toutes ses forces.
Il faut également mobiliser autour de la marche des sans-papiers qui ira de Paris à Nice où se tiendra, les 31 mai et 2 juin, un sommet de la Françafrique, autour de Sarkozy et de 67 chefs d’État et dictateurs.
Antoine Boulangé

source : site nationel du NPA

Tag(s) : #Société
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