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50 ans de Françafrique : chassés d’ici, pillés là-bas

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25e sommet France-Afrique : sous le signe du renouveau ?


Au début de son mandat, Sarkozy souhaitait faire de la rénovation des sommets France-Afrique un des symboles de sa prétendue volonté de rupture en matière de politique africaine. Après avoir hésité à abandonner cette grand-messe rituelle de la Françafrique, puis avoir consulté différentes personnalités pour en faire évoluer la forme et le contenu, la seule nouveauté finalement retenue pour le 25e sommet qui se déroulera à Nice les 31 mai et 1er juin sera la présence des multinationales françaises sous couvert d’ouverture à la « société civile ».
Créés en 1973, ces sommets bisannuels, alternativement organisés en France et en Afrique, ont pour objet de réunir autour du président français les chefs d’État africains, d’abord ceux du « pré carré » francophone, puis des autres pays du continent : symbole évident de certaines relations de vassalité entretenues par delà les indépendances formelles et manifestation de la « grandeur » de la France et des survivances de son empire colonial. De ce point de vue, pas de changement : le 25e sommet est toujours très officiellement qualifié de « réunion de famille » par Sarkozy, et c’est à huis clos et en comité restreint que seront discutées les affaires françafricaines les plus sensibles. Le sommet s’inscrit par ailleurs dans les cérémonies (françaises) du cinquantenaire des indépendances des anciennes colonies africaines qui, sans surprise, prennent surtout l’allure d’une célébration de la période coloniale.
Il se déroule dans une période de concurrence accrue et de perte (relative, car sa capacité de nuisance et ses intérêts restent considérables) de l’influence française en Afrique, qui se traduira peut-être par une baisse du nombre de participants de « haut niveau » par rapport au sommet de Cannes en 2007. C’est dans ce contexte que la France va une nouvelle fois tenter de se faire passer pour l’avocate des intérêts africains en matière diplomatique (création d’un poste de membre permanent du Conseil de sécurité attribué à un pays africain), économique (place de l’Afrique dans les négociations de l’OMC suite au processus de Cancun), écologique (avec la bénédiction des dictateurs francophones des pays du bassin du Congo) et enfin militaire. Pour ce dernier volet, Sarkozy entend mieux « expliquer » sa « réforme » de la politique militaire qu’est censée illustrer la renégociation des accords de défense en cours, et va à nouveau proposer de mettre ses bases et sa coopération militaires à disposition des futures forces de maintien de la paix de l’Union africaine : manière de fournir une nouvelle légitimité à la présence militaire française en Afrique et de poursuivre une politique d’influence et d’ingérence en ce domaine.
Mais la véritable nouveauté du sommet, c’est la décision de l’ouvrir aux entreprises privées : la totalité du CAC 40 et 40 grosses PME, ainsi que 150 entreprises africaines, sont ainsi invitées à débattre sous prétexte d’élaborer une charte des entreprises françaises en Afrique. En fait, il s’agit bien évidemment de consolider les intérêts économiques de la France dans ses anciennes colonies et de les développer davantage dans les autres pays. Pour parer à ce genre d’accusations, Sarkozy a tenté de faire cautionner l’initiative par des organisations syndicales françaises et africaines, lesquelles ont fort heureusement pour la plupart refusé. Les chefs d’État invités ont en revanche mis leur véto à la présence des partis politiques ou des organisations de la société civile, craignant que ces derniers n’utilisent le sommet comme une tribune pour dénoncer les crimes et l’absence de légitimité démocratique des dictatures.
Un contre-sommet est organisé, avec la participation d’organisations françaises et africaines, à Aubervilliers, le 29 mai. Une manifestation sera également organisée à Nice pendant le sommet. En lien avec la Marche des sans-papiers, elle entend ainsi dénoncer la double politique de la France à l’égard de l’Afrique, résumée par le slogan : « ChasséEs d’ici, pilléEs là-bas ! » Alors tous à Nice !

Pourquoi doit-on combattre le racisme ?

Le socialisme dépend de la capacité des travailleurs à surmonter leurs divisions. Le racisme en est une. Il fait des différences physiques ou culturelles entre les gens (couleur de peau, langue, religion), une base pour les traiter différemment. En servant les intérêts d’une minorité, le racisme a deux objectifs : diviser le monde du travail à l’intérieur des frontières et construire un bloc national pour justifier l’impérialisme à l’extérieur.
Le racisme est utilisé pour diviser les travailleurs, en les opposant au lieu de les unir contre leurs exploiteurs communs. Ainsi, l’immigration est souvent présentée comme une des causes du chômage et des bas salaires. Des idées de ce type ne sont pas seulement véhiculées par l’extrême droite ou la droite. En prétendant défendre les conditions de vie de la population, elles sont trop souvent acceptées à gauche.
Le sociologue américain Al Szymanski a comparé la situation des ouvriers noirs et blancs dans les différents États des États-Unis. Il a ainsi pu démontrer que moins il y a de discrimination salariale entre les blancs et les noirs dans un État, plus les salaires des blancs sont importants comparés à ceux des autres États. Le racisme a donc un impact négatif pour l’ensemble des salariés et ne bénéficie qu’à une minorité, les employeurs. Il a d’ailleurs émergé avec le capitalisme, dans l’objectif de justifier l’esclavage et le colonialisme.
Le racisme répand l’idée que nous devrions soutenir « notre nation » en compétition avec les autres. Nous devrions ainsi défendre « nos sportifs », « notre culture », « nos entreprises », « nos soldats »… Ce nationalisme permet de masquer le fait que les intérêts des capitalistes ne sont pas les nôtres, et que nous n’avons rien à gagner dans la guerre financière à laquelle ils se livrent.
Pourtant le racisme n’est pas une fatalité. Chaque personne est soumise à deux pressions contradictoires : celle des idées racistes, qui trouvent un écho car elles utilisent le caractère compétitif de la société capitaliste, la crise, la peur de ne pas obtenir ou de perdre son emploi, l’isolement. Mais la condition sociale de la majorité de la population fournit également les bases objectives permettant de se solidariser avec les souffrances des exploitéEs et des oppriméEs et de développer l’espoir que leurs luttes inspirent. Les anticapitalistes militent au quotidien pour faire dominer ce deuxième type d’idées.

Quelles perspectives aux luttes des sans-papiers ?

Les mouvements de travailleurs sans papiers connaissent depuis deux ans un regain d’activités. De la première vague de grèves initiée en avril 2008 à celle qui secoue encore aujourd’hui le BTP, la restauration, ou l’intérim en Île-de-France, ce sont des milliers de salariés qui affrontent courageusement le patronat et le gouvernement. Parallèlement, à travers les multiples initiatives du Réseau éducation sans frontières, des No Border à Calais ou encore des associations investies dans la semaine anticoloniale, c’est la question des droits citoyens des migrants qui revient en permanence s’inviter dans celui, plus général, de la défense collective de nos droits face à un appareil répressif de plus en plus agressif envers le mouvement social. L’accueil chaleureux réservé partout sur le passage des marcheurs du « Paris-Nice à pieds pour les sans-papiers », le caractère très unitaire des collectifs montés pour l’occasion, démontrent s’il en était besoin la disponibilité militante existante. Alors pourquoi ce qu’il est possible de réaliser dans les régions ne le serait pas dès qu’on aborde les problèmes dans un cadre national ? Certes, l’occupation de la Bourse du travail de Paris par la coordination 75 et son épilogue de l’évacuation musclée par le service d’ordre de la CGT ne constituaient pas un cadre idéal pour aller dans le sens d’une unification du mouvement des sans-papiers. De nombreuses tentatives de sortie de conflit ont été tentées depuis mais, un an après ces regrettables événements, certains responsables syndicaux ou associatifs continuent de jouer la partition du mouvement en dépit des risques encourus pour tout le mouvement des sans-papiers. Cette division entretenue ne sert que le pouvoir qui ne peut que s’en réjouir. Pourtant, de nombreuses passerelles existent entre les grévistes que l’on rencontre sur les piquets et les collectifs de sans-papiers regroupés dans le ministère de la Régularisation de tous les sans-papiers. Vouloir faire la distinction entre les « bons sans-papiers » des piquets de grève qui lutteraient contre leurs patrons et les « mauvais sans-papiers » que seraient tous les autres relève au mieux de la myopie politique et au pire d’un sectarisme aveugle.
Le mouvement des sans-papiers a aujourd’hui, plus que jamais, besoin d’unité ! D’abord en son sein, ensuite de l’unité de ses soutiens. Ce n’est qu’à ce prix que nous pourrons dépasser le caractère encore limité des mobilisations et opposer un vrai rapport de forces à ce gouvernement. Mais si cette unité en est la condition première, elle n’est pas la seule. Développer un mouvement antiraciste de masse, notamment dans la jeunesse, serait un formidable appel à refuser les fausses solutions face à la crise que sont le repli nationaliste et le racisme. Ce sont déjà celles que l’on entend venir de la droite et de l’extrême droite. Le temps nous est compté, alors agissons !

Marche des sans-papiers : Étape icaunaise

Le préfet de l’Yonne a qualifié la Marche des sans-papiers de « pantalonnade au regard de la situation dans l’Yonne » et s’est insurgé contre le soutien des « partis respectables ». Guillaume Larrivé, numéro 3 du ministère de l’Intérieur et conseiller municipal d’opposition UMP à Auxerre, a quant à lui déclaré scandaleuse la démarche d’accueil du maire qu’il exhorte à « respecter la loi ». Nous publions ci-dessous des extraits de la réponse du collectif de soutien à la Marche :
« Merci ! Merci !
“Pantalonnade” dites-vous M. le préfet. “Scandale ! ” vous exclamez-vous M. Larrivé. Vous êtes employés du même ministre de l’Intérieur et la proximité de vos indignations ou de vos menaces ne nous surprend pas.
[...] Vous avez manqué quelques épisodes qui vous auraient peut-être incités à plus de retenue.
Ah ! si vous étiez venus…
Vous auriez constaté le soutien chaleureux des citoyens icaunais lors de la traversée des villes et des villages, à Saint-Julien-du-Sault par exemple. Merci à eux.
Vous auriez apprécié l’accueil des élus à Sens, à Joigny, à Auxerre (où les marcheurs ont trouvé gîte), la fraternité de ceux de Gron, d’Étigny, de Villeneuve-sur-Yonne, de Migennes, de Bassou (où ils ont pu se restaurer ou souffler un peu). Merci à ces élus.
Vous auriez, aux étapes et sur le parcours, vu les marcheurs entourés de la sympathie des militants humanitaires, des syndicalistes. Merci aux militants.
Vous auriez partagé le repas convivial entre les marcheurs et les membres des associations du Jovinien. Merci aux associations.
Vous auriez pu (surpris, contrariés peut-être) assister aux discussions (fraternelles, enjouées souvent) entre les militants des partis de gauche et les représentants des Églises catholique et protestante. Merci aux chrétiens et aux adhérents des partis « respectables » (comme vous les qualifiez M. le Préfet). Merci à ceux qui croyaient au ciel et à ceux qui n’y croyaient pas.
[...]
Le Collectif icaunais de soutien à la marche des sans-papiers1 »

1. Action des chrétiens pour l’abolition de la torture, Association des Communistes unitaires, Association Montgolfière, Autre Gauche en Bourgogne, C3V-Maison citoyenne 89, CIMADE, Comité pour l’annulation de la dette du Tiers-Monde, CGT, Confédération paysanne, Échange non marchand, Europe écologie, Fédération pour une alternative sociale et écologique, FSU, Gauche unitaire, Lacim, LDH, Mouv’Art, NPA, PCF, PG, PS 89, RESF, Sud-Solidaires, Ufal, Utopia, Verts, Vivons ensemble.

Programmes des contre-sommets à Nice et dans les Alpes-Maritimes


Jeudi 27 mai :
18h30, conférence « Afrique France Europe : néocolonialisme ou partenariat ? », débat à l’hôtel Ibis de Nice (proche gare SNCF).

Samedi 29 mai :
• 10 à 12 heures : film-débat La fin de la pauvreté ?, cinéma la Strada (Mouans-Sartoux) ;
• 18 heures : étape de la Marche Paris-Nice à Mouans-Sartoux.

Dimanche 30 mai :
• 10 heures : manifestation avec les marcheurs à Cannes, départ esplanade devant la mairie
• 16 heures : rassemblement avec les marcheurs devant le CRA de Nice (caserne Auvare)
• Soirée festive sur place : repas collectif, animations, concert de ZEP.

Lundi 31 mai :
• 11 heures : stands d’information toute la journée place de la Libération, pique-nique collectif à prix libre, animations tout l’après-midi ;
• 18h30 : manifestation unitaire au départ de la gare SNCF de Nice ;
• 20h30 : table-ronde et débats, place de la Libération (ou en salle en cas de pluie).

Infos, contact (dont hébergement militant) :
contresommet.nice@gmail.com
Programme détaillé sur http://local.attac.org/attac06
Site de la Marche Paris-Nice :
www.ministere-de-la-regularisation-de-tous-les-sans-papiers.net

À Aubervilliers, Forum citoyen France-Afrique

Le 29 mai, conférences-débats et grand concert gratuit avec
Apkass, slam hip-hop jazz-soul, HK et les Saltimbanks, chanson française naturalisée avec HK, chanteur de MAP, et
Atri N’Assouf, blues-rock Touareg. RV espace Fraternité (Magic Mirror).
Cabaret situé 10-12 rue de la Gare, Aubervilliers (M° Porte de la Chapelle, bus 552, 65 arrêt Skanderbeg ou bus 54, PC3, Porte d’Aubervilliers).

• 11 heures-12h30 : néocolonialisme et réalités des migrations ;
• 12h45-14h30 : élections et démocratie en Afrique ;
• 14h45-16h30 : responsabilité sociale et environnementale des entreprises françaises en Afrique ;
• 17 à 19 heures : panorama des résistances des sociétés civiles en Afrique ;
• 19h30-minuit : concerts contre la Françafrique.

Plus d’infos sur : http://survie.org

Tag(s) : #International
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